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Photo du rédacteurAnne Thériault

Mon pays hivernal

Dernière mise à jour : 7 déc. 2023



Je suis née au Québec et, hormis le fait que j’ai été expatriée pendant quelques années, j’ai habité ici presque toute ma vie. Somme toute, je suis une vraie Québécoise, ce qui veut dire que je sais bien pelleter, déneiger ma voiture adéquatement, et que j’ai tout l’attirail nécessaire à la maison et dans ma voiture. Je suis habillée en conséquence : gros manteau, grosses bottes, tuque, foulard, mitaines, etc. Même mes chiens sont équipés pour ces températures glaciales et, disons-le, parfois inhumaines. Je sais même très bien conduire dans la neige et une tempête ne m’empêche pas de sortir faire mes courses.


Sauf que, pour être parfaitement honnête… je hais l’hiver. La Québécoise de souche en moi fait en sorte que j’assume cette saison glaciale. Contrairement à ces gens qui sombrent dans une déprime paralysante à compter du mois de novembre, j’arrive à garder ma bonne humeur même lors des jours les plus froids. Bien entendu, je trouve les Noëls blancs plus jolis et festifs.


Mais je hais l’hiver.


Le ski alpin? Non, merci. J’ai essayé tant bien que mal, mais je n’y ai jamais trouvé de plaisir. Je dirais même que j’éprouve un réel dédain à pratiquer ce sport. Je n’ai jamais pris plaisir à avoir froid, mais j’aime observer les skieurs depuis le chalet, tasse de chocolat chaud à la main.


Le ski de fond, en revanche, alors là, je veux bien…, mais attention, uniquement au printemps ou lorsque le temps est très doux, car à des températures qui vont sous les moins 10 degrés Celsius, je n’en vois pas l’intérêt. Me promener en forêt au calme pour observer la nature et ses petits habitants me réjouit! Depuis mon retour au Québec, j’ai pris goût à la raquette; cependant, je passe mon tour par les temps trop froids.


Vous l’aurez compris, lorsque l’hiver arrive, à part pour la promenade quotidienne de mes toutous ou l’activité extérieure occasionnelle, je deviens casanière à souhait! Donnez-moi un gros doudou bien chaud, un thé chai, un feu de foyer, un bon livre et c’est le bonheur. Qui a dit qu’il fallait aimer être à l’extérieur pour apprécier l’hiver? Je vous affirme que c’est parfaitement acceptable d’être casanier l’hiver. J’ai même un ami qui refuse de sortir en hiver sauf pour les besoins absolus. Avec lui, les soupers entre amis doivent donc attendre le retour du printemps.


Oui, je hais l’hiver. Je hais l’hiver à cause de toutes ces contraintes qui se pointent le nez – même promener mes chiens devient un exploit, surtout au retour, alors que mon « westie[1] » est rempli de mottons de neige. Je hais l’hiver à cause du manque de lumière, des journées trop courtes et du verglas qui rend l’hiver incontestablement exécrable.


Je sais tout de même apprécier l’hiver à ma façon. Après tout, l’hiver est fait pour cuisiner des plats délicieux et riches en saveurs (et en calories), pour se permettre des desserts plus sucrés (les Québécois ont besoin de calories l’hiver, ce n’est pas un mythe) et des raclettes. Oh les raclettes! (Mon foie vient de grimacer.)


Il faut simplement savoir aller chercher ses petits plaisirs hivernaux. Une promenade dans la neige et un bon chocolat chaud, les joues rouges et froides des enfants qui rentrent d’une activité extérieure, les bonshommes de neige, l’allure féérique du paysage après la neige fraîchement tombée, la beauté du soleil qui fait scintiller la neige… et la raclette, toujours et encore la raclette!


Loin de moi l’idée de vouloir être rabat-joie, l’hiver fait partie de mon héritage culturel et je l’accepte affectueusement.


Bon hiver à tous… même à vous, les skieurs! 😉

[1] Westie est le diminutif de la race West Highland White Terrier.

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