Vous avez détecté une pointe de sarcasme dans le titre? Votre perception est bonne. Il faut l’avouer, la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui comprend certaines lacunes.
Certaines questions s’imposent. Par exemple, le civisme existe-t-il encore? On aurait tendance à répondre un NON résonnant. Il est vrai que le civisme semble être disparu, de même que la courtoisie semble être oubliée. L’individualisme s’est installé, les gens étant pris dans l’engrenage de la vie, essayant de concilier travail et famille, combattant le trafic incessant. Et je ne m’attarderai surtout pas sur le sujet de l’ère technologique (les réseaux sociaux) qui me donne des boutons…
Le stress et l’anxiété sont omniprésents, ne serait-ce qu’à cause de la nécessité de devoir toujours performer, que ce soit au travail, à la maison, dans le sport ou financièrement. Le besoin que nos enfants soient les meilleurs, que notre maison soit la plus belle… Ouf! Nous n’avons plus la vie de nos parents et grands-parents, alors que les dimanches étaient réservés aux repas en famille, à la sieste, à l’église pour certains, et que tous les magasins étaient fermés. Dieu, que je trouvais les dimanches ennuyants lorsque j’étais adolescente! Je ne savais pas apprécier que le temps semblait ralentir.
C’est d’ailleurs une coutume encore suivie en Italie et en Espagne où l’heure du midi est consacrée à profiter de la vie, alors que les boutiques et commerces ferment quelques heures, le temps de prendre un bon repas entre amis ou collègues et s’adonner au farniente. Coutume bien différente que celle de l’Amérique du Nord, où les gens mangent seuls sur le coin de leur bureau!
Avons-nous oublié comment apprécier la vie? Sommes-nous trop préoccupés par l’argent et les biens matériels? Où sont passées nos valeurs fondamentales?
Vous aurez sûrement remarqué qu’il est de plus en plus rare d’avoir du service adéquat par des gens souriants qui aiment leur travail[1]. Trop de gens semblent détester leur travail, trop de gens semblent malheureux. Trop de gens semblent complètement inconscients de ce qu’il se passe autour d’eux. Pourquoi? Je vous pose la question car je n’ai pas la réponse. En fait, j’ai quelques hypothèses, mais rien de concret. Je vous avoue que je n’ai ni le temps, ni l’envie de pousser plus loin l’étude de ce sujet. Mais un moment de réflexion s’impose.
Il serait facile de mettre l’accent sur le négatif avec une société où le « selfie » est la raison d’être de plusieurs, où devenir une vedette sur YouTube (et plus récemment TikTok) est la priorité de trop de gens, où la perfection physique atteint des proportions démesurées (et fausses). Tout cela porte à croire que nous allons droit vers le déclin. Il serait dommage de se laisser aller à un tel cynisme.
Oui, je suis parfois cynique et oui, je suis parfois découragée, voire dégoûtée, par ce que je vois et entends. Cependant, j’essaie d’avoir une autre perspective et je crois fermement qu’il faut rester positif. Pour moi, le verre est, et sera toujours, à moitié plein et non à moitié vide. Je m’efforce de conserver ces valeurs fondamentales, ne serait-ce que pour offrir un monde meilleur à ma fille et lui permettre un regard plus positif.
Je vois ces gens qui vont à contre-courant et qui prônent l’amour, la solidarité et l’entraide. Les gens qui donnent de leur temps, qui partagent avec les moins fortunés. Les gens qui mettent leur vie sur pause pour venir en aide à un étranger – je ne parle pas des policiers, des pompiers, etc., – mais bien des passants qui n’hésitent pas à secourir une personne ou un animal. Des gens qui s’arrêtent pour demander si ça va, s’ils peuvent vous aider. Des gens qui essaient, tant bien que mal, de donner le bon exemple en étant de bons citoyens.
Évidemment, les catastrophes des dernières années démontrent bien que les humains savent s’unir et se tendre la main. C’est lors de ces catastrophes que l’on oublie nos différences. Mais qu’en est-il au quotidien? Pourquoi ne pouvons-nous pas être aussi avenants dans la vie de tous les jours? Pourquoi faut-il une catastrophe pour que l’on s’unisse, que l’on se parle, que l’on se traite comme des égaux?
On voit défiler des vidéos sur les réseaux sociaux, des messages du genre « aime ton voisin », « respecte tout humain », et nous sommes fiers de les partager ou de les « aimer », mais combien d’entre nous l’appliquent réellement dans leur quotidien?
Heureusement, il y a ces gens qui sont tout simplement gentils, juste parce que c’est dans leur nature et parce qu’eux aussi, ils adhèrent à un monde meilleur. Un sourire, une courtoisie au volant, un merci de la main, un café offert sans aucune raison ou motif autre que celui de faire plaisir, une conversation spontanée avec un étranger… Des gens inconnus qui se parlent! Oui, ça existe encore! Ça m’est arrivé à quelques reprises durant l’année et c’est un réel plaisir chaque fois. Pour un compliment auquel on ne s’attendait pas, pour faire un petit clin d’œil après une gaffe, simplement pour rassurer, pour partager un rire, ou par solidarité. Quelle que soit la motivation derrière l’acte, c’est toujours pour la même raison : établir un contact humain! Je suis aussi coupable de parfois être dans ma bulle. Ces instants de bref interaction humaine sont comme si mon ange gardien me donnait une petite tape sur l’épaule pour souffler un « Regarde autour de toi… », et me donner cette envie d’être une meilleure personne.
Je partage avec vous, deux petites anecdotes : lorsque j’étais agente de bord – alors que l’aviation était encore un prestige, une façon agréable de voyager, avec des employés fiers de leur métier –, j’ai eu droit à un groupe de passagers en furie. Vol retardé, mauvais service au sol, beaucoup de frustration… Le groupe commençait mal ses vacances. Je savais que j’avais du pain sur la planche, mais j’étais armée de mon plus beau sourire (facile pour moi puisque j’étais passionnée de mon métier) et mon but était de faire en sorte que ce groupe retrouve la bonne humeur. Mission accomplie! Mon sourire n’a pas quitté mon visage une seule fois, mais qui plus est, mes yeux souriaient aussi. À part leur offrir un p’tit verre gratuit – ce qui est toujours apprécié – et mon attitude positive, je ne pouvais pas en faire beaucoup plus. Mais lors du débarquement, j’ai eu droit à un « Merci, mademoiselle, nous avons eu un vol formidable grâce à vous et nous allons passer de belles vacances! » Meilleur compliment que l’on pouvait me faire. Le pouvoir d’un sourire sincère… En fait, j’appelle ça de la « gentillesse silencieuse ». C’est beau, hein?
Plus récemment, j’étais en voiture à une intersection. Une dame qui n’avait pas le droit de passage décide de passer et me coupe. J’étais calme, mais tout de même agacée ; je lui fais simplement un « Bravo, championne » en l’applaudissant. Un peu baveux de ma part… Ce à quoi cette dame m’a répondu d’un grand sourire en me soufflant un baiser! Résultat? J’ai éclaté de rire! Je l’ai donc saluée de la main en souriant. Elle avait tout compris. Si seulement tout le monde réagissait de cette façon!
Alors quand vous vous butez à une personne désagréable, demandez-vous quel air vous avez. Elle ne fait peut-être que réagir à votre attitude. Il faut commencer par soi-même… Un sourire est une façon presque infaillible d’y arriver. Dites-vous que la personne en face de vous qui semble impatiente ou pressée a peut-être une pire journée que vous. Vous avez le pouvoir de faire en sorte que sa journée soit juste un peu mieux, simplement avec un sourire. Un sourire peut évoquer tellement de sentiments : de la compassion, de la compréhension, un petit encouragement du genre « lâche pas ». Dieu, que ça désamorce! On se comprend ici, je parle d’un sourire sincère, non pas d’un sourire forcé, qui, lui, pourrait être interprété comme un affront. Pas tout à fait le résultat voulu…
Un beau sourire bien placé peut faire le plus grand bien. Nous arriverons peut-être à rehausser la société, à retrouver nos valeurs fondamentales et à restaurer le civisme, un sourire à la fois.
L’idée est de rester positif et de ne pas perdre espoir en notre société… Même si je suis encore trop souvent exaspérée, je sais qu’il y a encore du bien bon monde. Cela dit, je ne suis pas immunisée contre l’irritation qui survient lorsque je suis confrontée à certaines personnes « irritables » (la vendeuse, le nez sur son cellulaire, qui vous ignore alors que vous attendez…).
Il y a tout de même cette vague de bien-être, de retour sur soi, de quête spirituelle. Ce retour à la source, cette acceptation que nous ne sommes « qu’humains », qu’il faut profiter de la vie avant qu’il ne soit trop tard, qu’il faut – bien que cliché –, s’aimer les uns les autres. Est-ce que ce nouvel éveil fait de nous des gens plus connectés (je ne veux pas dire électroniquement)? Ralentir, respirer, passer du temps entre amis ou en famille, apprendre à connaître son voisin, offrir notre aide à ceux qui en ont besoin… Surtout, arrêter de « bitcher », de juger, de critiquer. Je sais, c’est la nature humaine, mais grâce aux réseaux sociaux, tout cela prend une ampleur astronomique.
C’est facile de critiquer – je sais, ça m’arrive aussi –, mais on doit se conscientiser à voir le positif et non le négatif. Ce n’est pas si difficile. Puis, même si rien ne justifie une mauvaise attitude, rappelez-vous que vous ne connaissez jamais l’histoire d’une personne.
Quoi qu’il en soit, il y a et aura toujours des cons. Ces gens qui refusent de comprendre, qui refusent de faire le moindre effort. Des cons, il y en a toujours eu. Il faut faire avec. L’idée c’est d’essayer de ne pas devenir con à son tour… Tout commence par l’attitude et le sourire.
Alors, souriez! (Et de grâce, soyez courtois.)
[1] Cet article a été rédigé avant la pandémie et la pénurie de main-d’œuvre.
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