Comme promis, en cette fête des Pères, je dédie cet article aux papas.
Le titre reprend celui de la chanson célèbre de Barbra Streisand « Papa can you hear me? », car le premier papa que j’ai connu est bien entendu le mien, et il n’est plus de ce monde. Il me manque.
Mon père, bien qu’humain et imparfait, était un bon papa.
Un papa qui, malgré mes humeurs explosives d’adolescente, gardait son calme. Mon père savait me faire entendre raison au bon moment et semblait avoir compris que hausser le ton ne servait à rien avec moi. De toute façon, j’ai très rarement entendu mon père lever le ton en général.
Un papa qui, même si je me pointais à l’improviste avec des copines sur l’heure du souper, savait préparer un repas des plus délicieux avec ce qu’il restait au frigo. Mon père était un chef hors pair qui, bien malheureusement, s’est envolé avec plusieurs de ses recettes sacrées, dont celle de ses fameuses brioches qu’il faisait uniquement pour Pâques.
Un papa qui, lorsque maman travaillait à l’extérieur l’été, prenait la relève et devenait monoparental de quatre enfants. Mon père, bien avant son temps, était un homme moderne qui pouvait non seulement cuisiner, mais aussi faire la lessive, nettoyer (tant bien que mal) et aider avec les devoirs.
Un papa qui fumait beaucoup trop, certes, mais qui avait une affinité pour les bébés. Mon père aura bercé et calmé non seulement ses enfants, mais ses cinq petits-enfants. Tristement, il n’aura jamais connu la sixième, même si sa dernière petite-fille lui voue un amour et une affection particulière, sans même l’avoir rencontré. Elle lui ressemble tant avec sa passion pour les animaux, la cuisine et le voyage.
Même si le bruit le rendait parfois grognon en vieillissant – il souffrait de fortes migraines depuis un jeune âge et de polyarthrite rhumatoïde –, il était un grand-papa aimé et attentionné.
Un papa tiré droit de « Mad Men », cette série américaine portant sur l’époque des années 1960 où les hommes régnaient dans un monde masculin, où les gens fumaient en sirotant un scotch (ou deux, ou trois) au bureau pendant les heures de travail. Il était directeur du marketing d’une grande compagnie aérienne et prenait le train pour rentrer à la maison. Comme si la série avait été inspirée de la vie de mon père.
Un papa présent, aimant, sage (j’entends encore ses paroles résonner et oui, « papa avait raison »), une encyclopédie vivante, un papa qui m’a initiée à la musique classique et à l’opéra. Infailliblement, alors qu’il préparait le repas du dimanche midi (incontournable repas en famille), l’opéra se faisait entendre dans la maison. Il m’aura fallu plusieurs années avant d’apprécier cet art, puis enfin, d’en développer un réel penchant. Mon père m’aura même offert le cadeau inestimable de chanter le Panis Angelicus à mon mariage. Une pièce que j’ai encore du mal à entendre sans trémolo. Une pièce que, curieusement, une dame était venue chanter à la patiente de la chambre voisine à la résidence de soins palliatifs, là où ma mère a rendu son dernier souffle le jour suivant, comme si mon père était venu la chercher.
J’ai eu la chance non seulement d’avoir un père impliqué, mais un frère aussi qui, à un jeune âge, devenait super papa avant de devenir grand-papa à son tour une vingtaine d’années plus tard. Malheureusement pour mon cher mari, j’avais de grandes attentes pour celui qui allait être le père de ma fille.
Les premiers jours de paternité ont été difficiles pour mon mari qui se retrouvait avec une femme en piètre état à l’hôpital et un nouveau-né dans les bras. Il faut savoir que notre fille était le premier bébé que mon mari tenait. Le rôle paternel vient naturellement pour certains…, alors que d’autres doivent s’y faire. N’ayant pas la force physique d’assumer mon rôle de mère les premiers jours, les infirmières, que je remercie d’ailleurs, ont pris mon mari en pitié et l’ont aidé… jusqu’à ce que grand-maman Andrée (ma mère) prenne la relève.
N’allez pas croire que mon mari est un mauvais père. Au contraire. Il avait beaucoup à apprendre, et il apprend encore aujourd’hui, mais un élément ne lui a jamais échappé… l’amour qu’il a pour sa fille et le dévouement de lui offrir la meilleure vie possible.
Il aura peut-être été maladroit par moments, mais l’amour qui émanait de lui était incontestable. Vous en connaissez beaucoup des hommes qui travaillent de douze à quatorze heures par jour, rentrent à la maison et, sans même prendre le temps d’enlever leur cravate, s’accroupissent au sol pour jouer avec leur enfant? Même si mon mari passait son temps au travail (métier hôtelier oblige), chaque instant libre était passé avec sa fille. Il l’a bercée, l’a cajolée… il l’a même agacée à la faire crier. Disons que les rôles de papa et de grand frère tannants semblaient parfois s’entremêler. Ma fille a pourtant toujours dit qu’elle aurait voulu un grand frère…
En fait, l’implication et la façon de faire peuvent différer d’un papa à l’autre, mais il ne faut pas sous-estimer les pères. Ils aiment aussi. Et ils aiment fort. Certains sont remplis de bonne volonté (même lorsqu’armés de maladresse) et à ceux-là surtout, il faut leur laisser la place d’assumer leur rôle de père, ce que je n’ai pas toujours fait en tant que mère lionne. Mea culpa. Désolée, mon chéri.
Il se sera tout de même bien débrouillé, mon cher mari, car sa fille l’aime.
Puis, tout comme les femmes qui ne sont pas mères naturelles, mais qui assument ce rôle aisément, il y a des hommes qui prennent un rôle de père de façon spontanée. Des hommes qui acceptent et qui aiment les enfants d’un autre comme s’ils étaient les siens. On parle souvent du côté maternel des femmes, mais c’est tout aussi vrai pour le côté paternel des hommes.
Ces hommes monoparentaux qui apprennent à coiffer leur petite fille, qui font la routine que maman faisait, ou les hommes qui adoptent et offrent une vie formidable à des enfants qui ne demandent qu’à être aimés.
Certains papas ont une place primordiale au sein de la famille aujourd’hui. Ils ne sont plus uniquement que le gagne-pain, mais bien la source de réconfort, le cuisinier, l’entraîneur, et bien plus.
De toute évidence, cet article s’adresse aux bons papas…, car des papas méchants, absents et irresponsables, il y en a malheureusement trop. Je ne pouvais écrire cet article sans le souligner.
Je parle des papas qui, malgré leur statut social, leurs connaissances et leur métier, s’impliquent du mieux qu’ils peuvent. Des papas qui acceptent de jouer un rôle secondaire dès la venue du premier bébé. Des papas qui se lèvent la nuit, qui se font dire « Non, je veux MAMAN! », qui pleurent quand leur enfant est à l’hôpital, qui en perdent le sommeil la nuit, qui regorgent de fierté quand fiston compte le premier but ou quand fillette fait sa première arabesque, qui passent des heures à faire des châteaux dans le sable… Des bons papas, il y en a beaucoup aussi.
Alors, à tous ces papas, merci d’être là! Sachez que vous êtes aimés et appréciés… Bonne fête des Pères!
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